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Retour d’un chantier participatif : création de haies bocagères à Mahalon (29)

800 arbres ont été plantés ce début janvier en une journée, chez Anne Quinquis et Alain Normant, éleveurs en agriculture biologique à Mahalon (producteurs de lait, et vendeurs de viande bovine sur le site « A vos papilles »).

En préambule à cette journée, Anne et Alain ont lancé un appel par mail : « Nous allons planter 700 plants dans trois lieux, en haies doubles : chênes pédonculés, chênes rouges, merisiers, pins maritimes, châtaigniers, ormes communs, frênes élevés, bouleaux, pommiers sauvages, poiriers sauvages, sorbiers des oiseaux, charmes, érables champêtres, pruniers myrobolans, noisetiers coudriers, aubépines. Et pour ça, nous avons besoin de bras. Si ça vous dit, et si vous êtes disponibles, vous êtes les bienvenus. Je fais un repas pour le midi. Pas besoin d’apporter d’outils spéciaux, juste des gants. »

Les arbres qui vont grandir ici abriteront au fil des années des oiseaux, des insectes, toute une faune et une flore ; ils donneront de l’ombre, protégeront du vent, retiendront l’eau. Certaines variétés compléteront l’alimentation des vaches (rameaux de frêne, chêne, charme…), toutes fourniront du paillis, du bois de chauffage, et même pour certaines essences, du bois d’œuvre. Ces jeunes arbres permettent aussi à la vie organique de se développer dans le sol. En grandissant, ils vont capter le gaz carbonique de l’air et le fixer dans le bois, les feuilles et les racines.
« Planter des arbres, c’est aussi important pour nous que ça l’a été de passer en agriculture biologique, dit Anne. C’est une pensée sur le long terme… »

Valérie Guidoux et Anne Quinquis

C’est ainsi que ce chantier a réuni une quinzaine de personnes motivées autour de Thierry Guéhenneuc et Thomas Weinans de l’association Terres & Bocages, avec laquelle Anne et Alain ont mené leur projet. Un projet mûrement réfléchi: «Nous avons dans un premier temps suivi une formation sur l’agroforesterie avec le CIVAM (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural). Puis nous avons contacté l’association Terres & Bocages. La visite de Thierry Guéhenneuc sur le terrain a permis de définir l’emplacement des haies (limites de propriété ou séparation de parcelles) et d’affiner le choix et la répartition des essences en fonction de la nature des sols. L’hiver dernier, nous avons commencé en plantant trois haies doubles (430 arbres), avec l’aide d’une douzaine de personnes. » Plusieurs journées de préparation ont précédé la plantation: constitution d’un stock de paillis (élagage, broyage), puis, à l’emplacement des futures haies, Alain a labouré et passé la herse afin d’ameublir la terre. Pour cause de pluie, une date fixée au mois de décembre fut reportée.

Ce 5 janvier 2023, nous voici autour de Thierry et Thomas, venus encadrer le chantier, avec le matériel et les plants (cultivés en Ille-et-Vilaine). Houe forestière en main, nous avançons en double rangée dans un ballet de gestes précis pour ouvrir la terre, y glisser un plant, le redresser, couvrir les racines, en alternant des arbres de haute tige et des arbustes. Suivant de loin les planteurs, le tracteur assure la distribution d’une bonne épaisseur de paillis, qui protégera chaque plant contre la concurrence des graminées. Et vers 17h arrive la pluie… à point pour clore le chantier.

« C’était une journée haute en couleurs! Anne et Alain ont su fédérer les gens autour d’un projet qui a du sens et la passion de Thomas et Thierry n’a fait que renforcer ce sentiment. J’en suis sortie fière, enrichie et apaisée. Et puis, il y a une phrase d’Alain Damasio que j’aime beaucoup: « Maintenant la seule croissance que nous supporterons sera celle des arbres et des enfant. »

Katell

L’objectif est largement atteint côté plantation, et la journée a permis aussi de belles rencontres au cours de ce travail fastidieux à faire à deux, mais léger à faire en nombre, comme une bande d’étourneaux. Sans oublier le moment d’un bon repas. En quelques heures, nous avons planté 800 arbres. De plus, nous avons pris le temps de visiter et désherber les plants de l’hiver dernier : ils vont bien, 15 plants de perdus seulement malgré la sécheresse de l’été. C’est bon signe pour la suite !

« J’aime planter des arbres en lien(s). C’est-à-dire des arbres liés aux gens qui les plantent… Ce sont ces liens qui leur donnent un avenir. Créer des liens humains avec les arbres, tout en créant des liens entre les gens venus aider : tous ne se connaissaient pas, ils et elles ont fait connaissance. Les liens que je cherche c’est aussi de planter des jeunes arbres qui se relient aux vieux arbres de la trame historique du bocage, se consolidant mutuellement. Planter en lien(s) se comprend donc en plusieurs sens. »

Thierry Guéhenneuc